Comprendre les tarifs d’un(e) graphiste indépendant(e)

« Oh c’est cher !  » ou « Je ne m’attendais pas à ce prix-là ! » ou encore « Est-ce que ça vaut vraiment ce tarif ? »
Avouez le… vous vous êtes déjà posé ce genre de questions au moins une fois ?
Alors dans cet article, nous allons faire le point ensemble pour vous aider à comprendre le prix de votre prestataire, ou fixer le vôtre si vous êtes indépendant.
Tout le monde souhaite que son projet soit réalisé rapidement, qu’il soit de bonne qualité et à moindre coût. Mais ce n’est pas parce que notre métier est une passion qu’il faut brader les prix ! Nous exerçons pour en vivre le plus sereinement possible.
À la fin de cet article, vous ne vous direz plus  » 350€, c’est beaucoup trop ! « .

La valeur du travail d’un graphiste freelance

On entend souvent « Je n’imaginais pas que le travail d’un graphiste représentait tout ça ! »
Alors j’aimerais tout d’abord aborder avec vous la valeur du travail d’un graphiste et le temps passé sur une création, quelle que soit sa nature (identité visuelle, flyer, affiche, etc…). Vous constaterez qu’un graphiste vend bien plus qu’un logo, une illustration ou une enseigne. C’est tout un processus dont le but est d’arriver au résultat que vous souhaitez… D’une idée à du concret.

1. Le travail préparatoire à la création

Les recherches

Une fois le brief client effectué et analysé, le graphiste s’attèle à une veille informationnelle. Toute création visuelle commence par cette phase de recherches. Éléments graphiques, couleurs, typographies, photographies, formats…. Le graphiste effectue également une veille concurrentielle pour connaître les entreprises exerçant dans le même domaine que le vôtre, mais aussi pour savoir ce qui se fait actuellement et ainsi mieux se démarquer. Ce travail de recherches peut alors se montrer très conséquent selon le volume du projet.

Les essais

Le graphiste teste et essaie des créations au crayon ou sur ses logiciels. Il teste les couleurs, les formes, les typographies, la taille et l’emplacement des éléments pour un bon équilibre… Ce temps d’expérimentation est souvent oublié, bien qu’il représente une grande partie du travail. Les propositions vous sont ensuite fournies et ne sont donc pas un « premier jet », vous l’aurez compris. Elles auront toutes nécessité quelques heures de travail en amont. En bref, c’est l’étape où l’on crayonne, on réfléchit à vous proposer le meilleur. C’est là que l’imagination peut être infinie !

2. Le temps passé

Le premier rendez-vous

Tout projet débute par un premier rendez-vous. Qu’il soit téléphonique, physique, ou en visio… il est indispensable pour comprendre vos attentes et cibler votre demande. Selon les projets, cette première étape est plus ou moins longue (surtout si le café est bon!)

La rédaction du devis et des factures

Qui dit indépendant dit également entrepreneur et donc seul gestionnaire avec plusieurs casquettes ! La partie administrative et comptable d’une entreprise demandent là aussi quelques heures de travail.
Avant tout début de projet, le graphiste rédige un devis. Pour cela, il lui faut estimer le temps qu’il va consacrer à la réalisation du projet, calculer son montant global et ses coûts secondaires. Le graphiste se devra également de rédiger une cession des droits d’après la diffusion et les cessions souhaitées par le client (car ne l’oublions pas, toute création est une œuvre et toute œuvre détient des droits d’auteur).
À cela, s’ajoute l’émission et l’envoi des factures d’acompte et des factures de solde.

Les allers-retours

Les allers-retours de corrections représentent l’étape où le graphiste soumet une proposition à laquelle le client souhaite apporter certaines modifications. Par exemple, lors de la création d’un logo, le client peut décider de changer une couleur et une typographie qui ne lui conviennent pas. Le graphiste va donc rentrer dans une nouvelle phase de travail pour soumettre une nouvelle proposition et satisfaire ainsi la demande du client.
En général, le nombre d’allers-retours est limité et stipulé sur le devis (accordé par signature). Chaque modification supplémentaire sera alors facturée. C’est pourquoi ces allers-retours, en fonction de leur nombre, peuvent impacter les tarifs d’un graphiste indépendant.

Les échanges

Au cours du projet, les échanges entre client et graphiste (questions, retours mails, appels téléphoniques…) représentent une partie temporelle importante et sont donc inclus dans le tarif du freelance. Vous pourrez retrouver l’intitulé suivant dans vos devis :  » gestion de projet « .
Une bonne communication permet à coup sûr un résultat souhaité !

La création

Le cœur de métier ! C’est l’étape qui fait appel à l’imagination, à la créativité du graphiste, à sa patte graphique si particulière. Ces temps de conception et d’exécution semblent, pour certains d’entre vous, peut-être évidents, mais peu de personnes imaginent le temps que nécessite la création d’un support de communication ou d’une identité visuelle. Cela ne se fait pas en un claquement de doigts ! Le temps lié à la conception d’un projet fluctue selon sa nature et sa complexité et impacte en conséquence les tarifs du freelance.

La préparation des fichiers

Stop aux retouches/modifications ? Vous validez le projet ? Très bien ! mais le job n’est pas fini. Un graphiste peut encore consacrer plusieurs heures à la préparation des fichiers pour l’impression et au suivi des supports imprimés jusqu’à leur livraison. Et oui, cela nécessite encore un peu de temps !

Les coûts d’une entreprise

Saviez vous que la majeure partie des revenus d’un entrepreneur sert à payer les impôts et cotisations, les frais professionnels et à créer une trésorerie ? Dans cette partie, vous allez comprendre pourquoi ces tarifs sont pratiqués et qu’ils ne sont finalement pas si élevés que cela, malgré les apparences !
Peu importe sa fonction, un freelance est gérant d’une entreprise avec tous les frais que cela engendre. Son chiffre d’affaires n’est donc pas représentatif de son salaire. Même s’il n’a pas de coût de production à proprement parlé, le chiffre d’affaires d’un prestataire de services tel qu’un graphiste ou un développeur web n’équivaut pas à son bénéfice. Décortiquons un peu…

1. Les charges variables

Un micro entrepreneur a pour obligation de déclarer ses revenus, lesquels sont soumis aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu.

Les cotisations sociales

Tout travailleur indépendant doit s’acquitter de cotisations sociales, plus ou moins importantes selon son statut juridique et la nature de son activité.
Dans un premier temps, on va donc soustraire les cotisations sociales et fiscales de notre chiffre d’affaires.

Les impôts

Le micro entrepreneur est imposé automatiquement selon les régimes micro social et micro fiscal, ou sur demande au versement libératoire.
Les auto-entrepreneurs peuvent, à condition de respecter des critères de revenus, opter pour le Versement Fiscal Libératoire (VFL) de leur impôt sur le revenu. Ce dispositif permet d’effectuer des versements, communs avec ceux des cotisations sociales, tout au long de l’année et au fur et à mesure des encaissements. Cette modalité de paiement libère les micro entrepreneurs du versement de l’impôt sur le revenu au titre des résultats de son activité auprès de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFiP) et ne donne pas lieu à une régularisation l’année suivante.
Pour bénéficier du VFL, il faut en faire expressément la demande auprès de l’Urssaf. L’organisme collectera l’impôt pour le compte de la DGFiP sur une périodicité mensuelle ou trimestrielle, selon l’option choisie.
Encore une fois, les taux appliqués au chiffre d’affaires dépendront de la nature de l’activité exercée :
Activités de ventes et assimilées : 1%
Activités de prestations de services artisanales et commerciales : 1,7%
Activités libérales : 2,2%

La contribution à la formation professionnelle

Il s’agit d’une cotisation des indépendants pour la formation professionnelle leur ouvrant des droits à la formation.

La taxe pour frais de chambre consulaire

Cette taxe sert à financer les Chambres Consulaires comme la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) ou la Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA). Les commerçants et artisans se verront attribuer un taux variant selon l’immatriculation de l’entreprise. En revanche, un auto entrepreneur libéral n’est pas redevable de cette taxe.

2. Les charges fixes

2.1. Les frais professionnels

Dans un premier temps, nous devons comptabiliser les frais de fonctionnement mensuel de l’entreprise (environ 25% du CA). Cela comprend la communication, la formation, les serveurs, la banque, les assurances, l’expert-comptable…
À cela, il faut ajouter les frais de matériel (ordinateur, mobilier, imprimante, papeterie…), mais aussi les abonnements divers (suite Adobe, logiciel de comptabilité, téléphone, internet…), et les frais de gestion pour assurer la qualité des relations client (transport, véhicule).
À titre d’exemple, voici les principaux abonnements d’un graphiste freelance :
Un forfait téléphonique : entre 10 et 30€ / mois selon le forfait,
Un abonnement internet : entre 20 et 30€ / mois,
La souscription à une mutuelle : entre 30 et 80€ / mois,
La souscription à une prévoyance santé : environ 30€ / mois,
La souscription à une responsabilité civile professionnelle : environ 30€ / mois,
La suite Adobe, indispensable à un graphiste : 80€ / mois.
Certains freelances ajouteront également le coût de la location d’un espace de travail : coworking ou bureau privé. Selon les régions, un espace de coworking coûte entre 150 et 500 € / mois.

2.2. La CFE (Cotisation Foncière des Entreprises)

Vient ensuite s’ajouter la CFE : c’est un impôt local , anciennement appelée taxe professionnelle. Elle est assimilable à la taxe foncière des particuliers.
Son montant varie selon notamment le chiffre d’affaires, la valeur locative du bien occupé pour l’activité et le taux voté par la commune de domiciliation de l’entreprise (entre 200 € et 2 200 € environ).

3. Le temps non facturable

Pour un indépendant, travailler c’est aussi prospecter, gérer sa comptabilité et développer son activité grâce à la communication. Ces tâches quotidiennes n’amènent aucune rémunération (contrairement à un salarié qui est payé chaque jour de l’année, et ce même pendant ses congés).
L’entrepreneur, lui, ne va pas gagner d’argent pendant la période de congés qu’il va prendre dans l’année. Il doit donc pouvoir disposer d’une avance de trésorerie pour gérer son départ en congés sereinement.
En effet, contrairement à un salarié, le freelance n’a ni congés payés, ni assurance chômage, ni indemnité de licenciement, ni prime de précarité, qui sont des avantages salariaux payés par les employeurs.

4. Un cas concret

Rien de tel qu’un exemple pour mieux comprendre. Calculons le tarif journalier d’un(e) graphiste.

Le calcul du temps de travail effectif

Jade travaille 5 jours par semaine, soit 250 jours par an.
On soustrait à cela les jours de congés, soit 5 semaines (=25 jours).
Jade peut aussi tomber malade pendant l’année. Il faut alors penser à soustraire des jours « off » par exemple une semaine (=5 jours). Jade travaillera donc 220 jours par an.
Cependant, Jade doit penser au temps qu’elle passe sur toutes les tâches nécessaires à son activité, hors missions. Si on les estime à 40% de son temps, seulement 60% des 220 jours seront facturés, soit 132 jours.

Le calcul des revenus souhaités

En se basant sur le salaire moyen d’un cadre français de 4 000 € brut/mois (source APEC), soit 48 000 € brut/an, nous obtenons le calcul suivant :
Attention : Ce chiffre est à définir en fonction des dépenses et de l’expertise du freelance.

Le résultat

48 000 € divisés par 132 jours facturés = 363 € / jour
Voici donc le taux journalier de Jade. Soit un taux horaire de 52 €.
Attention : Cela ne signifie pas que Jade aura 363 € dans sa poche pour une journée de travail. Car elle va devoir soustraire toutes les charges fixes et variables listées précédemment.

La valeur ajoutée d’un bon graphiste freelance

Le conseil

Un bon graphiste vous écoute, vous conseille, vous oriente afin de répondre au mieux à votre besoin. Ces conseils ne sont pas gratuits et son inclus dans le prix de votre projet. Ils sont l’expertise d’un BON professionnel. Ils ont pour but de faire naître un projet grâce auquel votre ROI (Retour Sur Investissement) sera meilleur.

Le sur-mesure

Pour que votre identité visuelle ou votre support de communication ne ressemble pas à celui ou celle du voisin, il est important de choisir un bon graphiste qui fait du SUR-MESURE. Le « pas cher » n’est pas du sur-mesure.
Certains graphistes vous proposeront des logos pré faits sur Internet, dont le design est déjà construit et dont les seuls éléments modifiables sont la couleur, le nom et le slogan de votre marque.
Un conseil : choisissez un graphiste professionnel à votre écoute, qui travaillera avec et pour vous, dans le but de créer un projet unique.

Les compétences

Les compétences varient d’un freelance à un autre, selon son niveau d’études, ses années d’expérience, ses formations, ses investissements professionnels, mais aussi selon l’expertise acquise dans certains milieux, postes ou missions.
Pour résumer, un professionnel compétant vous apportera de la valeur, en vous aidant à créer une identité visuelle alignée sur les vôtres afin de vous démarquer.

Les facteurs externes pouvant influencer le tarif d’un graphiste indépendant

L’expérience

Le graphisme implique davantage de compétences et de connaissances que de simplement changer la couleur d’un titre ou modifier la taille d’une photo.
Comme dans n’importe quel métier, le niveau d’expérience d’un graphiste indépendant joue un rôle important sur ses tarifs. Vous remarquerez forcément un écart de prix entre un freelance avec plus de 15 ans d’expérience et un freelance junior.
Un graphiste qui se lance à son compte doit facturer au moins 300/330€ la journée s’il ne veut pas travailler à perte ou travailler 7j/7. Le graphiste freelance expérimenté, quant à lui, va progressivement augmenter son tarif et arriver à 400 € voire 500 € la journée.

La situation géographique

La localisation du travailleur indépendant va elle aussi influencer son tarif. En région parisienne, les prix sont beaucoup plus élevés que ceux pratiqués en province, tout simplement parce que le niveau de vie dans la capitale est plus conséquent qu’ailleurs. Tout comme le salaire d’un employé parisien, le salaire d’un entrepreneur va lui aussi être impacté par cela.

Petit rappel final :
Lors de vos prochaines demandes de devis, gardez en tête les facteurs suivants :
Comptez le temps non facturable : administratif, communication, prospection…
Pensez aux charges de votre prestataire : les cotisations, les impôts, les frais professionnels…
Prenez en compte : l’absence de congés payés, d’indemnités chômage…
Apprenez à connaître : la valeur ajoutée de votre graphiste (compétences, conseils), et tenez compte des facteurs externes (situation géographique, expérience).

En résumé

Un graphiste indépendant ne fixe pas le prix de sa prestation à la tête du client, mais en fonction de la valeur de son travail et des charges de son entreprise. La durée et la complexité du projet sont les seuls éléments variables résultants du prix final.
Le métier de graphiste est un métier qui demande de nombreuses heures de travail car vous n’allez pas changer d’identité visuelle toutes les semaines. Le projet se réfléchit, se façonne longuement pour voir le jour. Certains projets engendrent des coûts plus ou moins élevés selon les demandes, mais les tarifs pratiqués sont fixés à juste titre pour le travail accompli.
Alors non, un freelance ce n’est pas « cher ».
L’enveloppe communication est à prévoir dans votre budget comme vous le feriez avec n’importe quel autre fournisseur. Par exemple, je vous invite à comparer le tarif horaire d’un graphiste indépendant avec celui d’un serrurier (70€/h environ), celui d’un garagiste (80€/h environ) ou celui d’un comptable (90€/h environ) !
La justesse d’un tarif journalier ou d’un tarif horaire est aussi une garantie de viabilité d’une entreprise, et par conséquent, un facteur important de sérénité.

Vous voilà convaincu par les tarifs pratiqués par les freelances ? Si ce n’est pas le cas, je vous invite à relire cet article et notamment la partie qui évoque le coût que représente la gestion d’une entreprise.
Retour en haut